Lorenz MW et al. for the PROG-IMT Collaboration. Carotid Intima-Media Thickness progression and risk of vascular events in people with diabetes: results from the PROG-IMT Collaboration. Diabetes Care. 2015 Oct;38(10):1921-9.

Lien PubMed : PMID : 26180107

La valeur pronostique de l’épaisseur intima-média carotidienne (EIMC) est bien établie. Toutefois, les conséquences cliniques de ses variations, notamment, sous l’effet des traitements visant à réduire l’athérosclérose, n’ont jamais été clairement démontrées. Or, ces variations constituent souvent le critère d’évaluation pour des essais thérapeutiques. C’est cet aspect que les auteurs de ce travail ont cherché à évaluer chez des patients diabétiques. Ce choix des diabétiques est judicieux puisque l’on sait que leur risque cardiovasculaire est au moins 2 fois plus élevé que celui des non-diabétiques et que, toujours par rapport à ces derniers, leur épaisseur intima média carotidienne (comme celle des intolérants au glucose) est aussi plus importante.

Ce travail est une méta-analyse de 21 études (dont une dédoublée sur des critères ethniques) de suivi longitudinal avec au moins 2 mesures séparées de l’EIMC, et avec un recul clinique de ≥ 2 ans après la dernière mesure. Dans cette analyse, ne figurent que les patients diabétiques n’ayant eu ni infarctus du myocarde ni AVC jusqu’au deuxième examen. Le calcul de la moyenne des mesures (carotide droite, carotide gauche, mur antérieur, mur postérieur …) faites sur la carotide commune a servi à calculer un taux de progression annuel qui a été corrélé au risque d’événements du critère principal d’évaluation (IDM, tout AVC ou décès vasculaire).

L’analyse porte sur 3 902 diabétiques, de 60,4 ans d’âge moyen, ayant présenté au cours d’un suivi moyen de 3,59 ans (de 2,3 à 6,4), un total de 935 événements cardiovasculaires du critère principal. Par rapport aux non-diabétiques, ils avaient, en moyenne, une EIM de la carotide de 0,041 mm plus élevée IC 95% : 0,036 – 0,045). Chez ces diabétiques, la progression annuelle de L’EIMC va de -0,09 à + 0,04 mm et elle ne diffère pas significativement de celle des non-diabétiques. Quel que soit le modèle, une EIMC élevée est clairement associée à une augmentation du risque de survenue d’événements (rapport de risque 1,22 ; IC 95% : 1,22-1,33 pour chaque augmentation d’une déviation standard après ajustement sur les facteurs de risque). Par contre, il n’a pas été observé de relation entre l’évolution de l’EIMC entre les 2 examens et le risque d’événements cliniques (rapport de risque 0,99 ; IC 95% : 0,91-1,08). Par comparaison, chez les témoins non diabétiques de référence, il y avait aussi une augmentation du risque d’événements pour une augmentation d’une déviation standard de l’EIMC mais moins marquée que chez les diabétiques et non significative.

Ces données signifient donc que la progression de l’EIM de la carotide commune ne peut pas être considérée comme un critère intermédiaire du risque cardiovasculaire encouru par les diabétiques. Les auteurs allèguent une durée de suivi insuffisante par rapport au délai d’installation des lésions d’athérosclérose, sans écarter l’effet de l’imprécision des mesures qui a pourtant été réduite au mieux dans les différents centres investigateurs. La progression de l’athérosclérose a été relativement modérée au cours du suivi et elle reste quantitativement très inférieure à la régression obtenue sous l’effet de certaines thérapeutiques. Mais même dans ces conditions, il manque la preuve de la relation directe entre les variations de l’épaisseur intima média carotidienne et le risque de survenue d’événements cliniques.

Dr JLG

Commentaire(0)