A Normal Family
Un film coréen paraissant décrire authentiquement les travers de cette civilisation par ailleurs triomphante. Le pouvoir de l’argent, l’arrivisme, la nécessité absolue d’excellence scolaire et professionnele, l’effondremeent de toute moralité sont exposés presque naturellement.
En réalité il s’agit d’un fait divers espagnol, l’assassinat filmé d’une vieille clocharde par deux fils de bourgeois dans les années 2000 ayant fait l’objet d’un roman néerlandais à succès 10 années plus tard et déià de plusieurs adaptations cinématographiques internationales. Jusqu’où peut aller le soutien parental envers des enfants à l’évidence coupables, c’est le propos central de cette œuvre qui partage de grandes similitudes avec la série récente à succès, Adolescences.
La version coréenne est gentiment filmée et interprétée, violente par nature et peu crédible psychologiquement, la majorité des personnages finit par se comporter de façon absolument opposée à ce à quoi on pourrait s’attendre, un détournement excessif du concept de non-manichéisme. À voir si vous êtes en forme. 2/5
Hofesh Schechter et sa nouvelle production Red Carpet, à Garnier
Ce chorégraphe israélien vit à Londres mais il passe par Paris presque chaque année : les spectacles sont donnés à guichet fermé, tout est réservé en quelques minutes dès l’ouverture de la billetterie. Je connaissais vaguement sa réputation mais je l’ai surtout découvert dans le film “En corps”, le chef-d’œuvre de Cédric Klapisch (2022) où les deux auteurs proposent une synergie époustouflante de la danse classique et de la danse moderne. Voici un extrait de mon blog de l’époque: “De quoi vous réconcilier définitivement avec la danse moderne, même quand on y est profondément allergique, après avoir vu la bataille de hip hop, l’impro sur une falaise bretonne où les corps flottent au vent comme des goélands et toutes les répétitions exaltées jusqu’à la première à la halle de La Villette”. Depuis, quand je trouve de la place je vais voir toutes ses productions. Pour Red Carpet il y a un article technique et dithyrambique dans le journal Le Monde, mais même sans toutes les connaissances en profondeur du rédacteur de l’article, on est littéralement envoûté par le spectacle dès la première seconde. La musique, parfois criée, d’inspiration africaine? également écrite par le chorégraphe, est interprétée par 4 instrumentistes sur scène faisant plus d’effet qu’un orchestre symphonique.
Troisième corde à son arc, Shechter à également réalisé les décors avec une utilisation merveilleuse des rideaux et lustres de la scène de Garnier. Seules les lumières. spectaculaires, ne sont pas de lui ainsi que les costumes Hofesh Shechter et sa nouvelle de la maison Chanel. La troupe est constituée de 13 danseurs du corps de ballet de l’Opéra de Paris, c’est production Red Carpet, à dire le niveau. Pareils à une nuée d’oiseaux, à un banc de poissons, ils ondulent dans tous les sens comme Garnier reliés par d’invisibles liens magnétiques. Il n’y a aucun solo narcissique, ce sont tous les danseurs qui font qu’un. Le spectacle dure une heure et demie et la deuxième partie, plus lente et énigmatique, est un peu moins réussie. Une ovation sans fin conclut le spectacle. 4,5/5 J’espère avoir des places pour le vaguement sa réputation mais je l’ai surtout découvert prochain.
Jean-Jacques Altman, Paris.