Pour vous, quelles ont été les 2 ou 3 principales avancées en cardiologie au cours des 5 dernières années ?
Les techniques percutanées des valvulopathies
Après l’implantation du premier TAVI en 2002, les techniques percutanées dans le traitement des valvulopathies ne cessent d’augmenter et de s’améliorer. Initialement réservées aux patients à haut risque chirurgical, les indications tendent de plus en plus vers les patients à risque intermédiaire. Les approches percutanées ne concernent pas que la valve aortique native ou prothétique, mais aussi les autres valves avec un essor considérable dans le traitement des valvulopathies mitrales (dysfonction de valve native ou après chirurgie valvulaire). On compte :
les techniques de réparation de l’insuffisance mitrale
– réparation bord à bord par le dispositif MitraClip (Abott)
– annuloplastie indirecte
– annuloplastie directe par le dispositif Cardioband (Valtech Cardio)
l’implantation valvulaire mitrale percutanée (TMVI)
– dysfonction fuyante ou sténosante de bioprothèse (valve-in-valve) ou d’annuloplastie chirurgicale (valve-in-ring)
– sténose ou insuffisance mitrale sévère en cas de calcification annulaire (MAC)
les fermetures de fuites périprothétiques
Ces techniques se transposent également à la valve tricuspide (“Mitraclip” tricuspide, valve-in-valve ou valve-in- ring tricuspide dans le cadre de dysfonction sténosante ou fuyante de bioprothèse ou d’annuloplastie chirurgicale)
L’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle est née dans les années 1950 avec l’ambition de créer des machines capables de mimer l’intelligence humaine, différente des applications basées sur les statistiques. Elle est utilisée dans la conception soit de machine raisonnant comme l’être humain, soit de machine ayant pour objectif d’aider les humains dans leurs tâches. On observe de plus en plus de “robots” par exemple dans les blocs opératoires qui sont de véritables outils à la disposition des chirurgiens pour l’amélioration de leur activité et de la qualité des soins.
L’assistance circulatoire
Les avancées dans l’assistance circulatoire sont excellentes, avec des machines plus performantes et plus “portables”. Les indications sont en général soit une destination thérapie chez les patients contre indiqués à la greffe, soit une “bridge to transplantation”, soit une “bridge to recovery” dans les cardiopathies avec potentiel de récupération (myocardite fulminante).
Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle ?
La découverte du microbiote intestinal et des sombres recoins d’autres “tuyaux” que les vaisseaux. Et avoir missionné mon chef dans une petite commune réputée dangereuse pour récupérer un morceau de microbiote d’un patient…
Quel serait votre principal regret ?
Mon regret est d’être née trop tard pour connaître les débuts des technologies médicales comme les premiers appareils d’échographie, les premiers stéthoscopes, les premiers stents… Mais ce regret est contrebalancé par la possibilité de voir l’évolution incroyable des nouvelles technologies.
Comment voyez-vous le futur ?
C’est difficile à dire mais il y a deux choses que je vois :
– l’explosion de l’art d’opérer sans ouvrir (les techniques percutanées des valvulopathies) grâce à une amélioration constante de la technique et des prothèses ou des résultats scientifiques qui prouvent son efficacité.
– l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle dans la pratique courante, en tant que compagnon assistant lors des interventions ou dans la médecine prédictive ou diagnostique.
Caroline Chong-Nguyen,
Eaubonne