Quelles ont été les deux ou trois principales avancées en cardiologie depuis l’an 2000 ?
Depuis l’an 2000, nous avons eu à nous réjouir de réelles avancées en cardiologie, spécialité demeurant « jeune et dynamique ».
Je retiens trois domaines majeurs qui ont, selon moi, connu l’essor le plus remarquable :
Tout d’abord, pour le cardiologue interventionnel que je suis, l’avènement des stents actifs a profondément bouleversé les indications de revascularisation par angioplastie en permettant, par la très nette diminution du risque de resténose, de limiter ainsi de façon drastique le nombre de patients pontés. La rythmologie interventionnelle a, au cours de ces vingt dernières années, fait un bond en avant impressionnant avec en particulier les procédures d’ablations. Enfin, sous l’impulsion d’Alain CRIBIER, nous avons assisté, à une véritable révolution dans la prise en charge des pathologies valvulaires avec bien sûr les TAVI mais aussi, à présent, le développement de l’abord percutané pour les autres valves. Grâce à ces gestes qui bénéficient d’améliorations technologiques spectaculaires très rapides, cette approche des pathologies concernées continue à évoluer favorablement, au quotidien.
Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle ?
Incontestablement, ma meilleure expérience professionnelle se situe à Toulouse, en 1985- 1986, au cathlab, avec Jacques PUEL, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il s’est agi d’une expérience humaine formidable, Jacques ayant été un mentor hors pair dont l’adresse manuelle n’avait d’égal que la verve, la vivacité d’esprit et une bienveillante bonhommie associant humour, affectivité et rigueur. « L’aventure » toulousaine a été également particulièrement excitante sur le plan professionnel ; il s’agissait en effet de la période d’expérimentation animale qui a précédé la mise en place du premier stent endocoronaire chez l’homme en mars 1986, prélude d’une formidable épopée qui continue à travers le monde.
Quel serait votre principal regret ?
Je n’ai pas de vrai regret mais j’aurais aimé m’impliquer en rythmologie interventionnelle, ce qui n’a pas été possible compte tenu du caractère particulièrement chronophage de la cardiologie interventionnelle. Sur un plan plus général, je déplore profondément le cloisonnement entre les établissements de santé publics et privés, cloisonnement historique, excessif et délétère pour nous tous …
Comment voyez-vous le futur ?
Le futur me parait pouvoir être abordé sereinement et avec enthousiasme. La poursuite des développements technologiques nous aidera à progresser sur le plan diagnostic et thérapeutique. L’évolution de l’imagerie avec en particulier l’IRM 4D, la prévention de l’arythmie ventriculaire sévère et l’arrivée à maturité du coeur artificiel me semblent être les principales promesses d’un futur proche. On peut espérer une optimisation de la personnalisation des traitements médicamenteux et interventionnels avec, à terme, un véritable « sur-mesure » thérapeutique.
Bernard Karsenty,
Pessac