Quelles ont été les principales avancées en Cardiologie pour vous au cours des 5 dernières années ?

Le monde de la Cardiologie interventionnelle est un fabuleux moteur en termes d’innovation et de progrès avec notamment le TAVI et le MITRACLIP. En effet, depuis sa première implantation en 2004, le TAVI s’est imposé comme le traitement de référence du rétrécissement aortique serré symptomatique à haut risque chirurgical, et est au même niveau que le remplacement valvulaire chirurgical pour les patients à risque intermédiaire. Plus récemment, les études PARTNER-3 et Evolut Low Risk ont même montré une non-infériorité du TAVI par rapport à la chirurgie chez les patients à faible risque chirurgical.

Une autre avancée marquante pour les patients concerne les résultats de l’étude ATTR-ACT présentés à Munich lors du dernier congrès annuel de l’ESC 2018, qui montrent une efficacité du Tafamidis dans l’amylose cardiaque à transthyrétine (TTR) en termes de réduction de la mortalité et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque. C’est une avancée majeure pour les patients atteints d’amylose TTR qui n’avaient jusque-là aucun traitement efficace.

 

Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle ?

L’expérience professionnelle qui restera gravée dans ma mémoire est sans aucun doute la semaine d’échange humanitaire à laquelle j’ai eu la chance de participer au sein de l’hôpital de Pondichéry en Inde. En effet, l’équipe du Pr Patrick Henry composée de 2 infirmières et 2 médecins de l’hôpital Lariboisière participe chaque année à un programme d’échange à travers des ateliers de formation pratiques notamment sur l’angioplastie et l’imagerie coronaire. Cette année, j’ai eu la chance de participer à l’aventure.

Ainsi, je me souviens de notre arrivée sous un soleil écrasant au sein de l’hôpital de JIPMER. Il s’agissait pour moi d’un premier contact avec l’Inde, et donc avec son système de santé. Une vision déroutante nous saisit d’emblée : les familles de patients, qui campent dans l’enceinte de l’hôpital, et lui donnent un air de cour des miracles.

Un chaos apparent qui contraste avec la renommée nationale de l’établissement, ce qui résume le rôle crucial de cet hôpital public qui délivre gratuitement des soins de qualité à des patients pour la plupart indigents…

 

Quel serait votre principal regret ?

Mon plus grand regret de l’internat restera indéniablement le fait de ne pas avoir eu la chance de réaliser un stage d’inter-CHU de 6 mois dans une autre région ou un autre pays.

En effet, ce type de stage permet de découvrir une nouvelle région, de nouvelles équipes et donc une façon différente d’appréhender les problématiques du quotidien. Pour réaliser correctement un tel projet il faut y penser en amont, s’organiser plus d’un an à l’avance afin de tout planifier.

Or, durant notre internat ce n’est pas toujours simple d’avoir un réseau de connaissances suffisant pour demander ce type de stage. J’encourage donc tous les jeunes motivés à ne pas laisser le temps passer, et à demander le plus tôt possible à leurs chefs les contacts pour tout organiser.

 

Comment voyez-vous le futur ?

Le futur sera forcément différent… Notre pratique évolue en permanence tant par sa dimension médico-légale de plus en plus présente, que par sa dimension technique toujours plus exigeante, se faisant parfois aux dépens de la dimension humaine.

On peut citer par exemple, l’essor de l’intelligence artificielle dans les domaines de la gestion des grands ensembles de données (big data) qui permet déjà d’organiser des modèles de prédictions cliniques diagnostiques et pronostiques dans certains secteurs, ou encore les logiciels d’analyse en imagerie cardiaque qui diagnostiquent parfois mieux que l’oeil humain.

Alors quelle est la réponse à cette surenchère de la technique ? Et bien nous sommes plusieurs jeunes à penser que c’est de continuer à garder le Patient et l’Humain au centre de la réflexion, en continuant à former les plus jeunes et à leur transmettre ce goût d’échanger en équipe comme nous tentons de le faire au sein du Collège des Cardiologues en Formation (CCF), le groupe des jeunes de la Société Française de Cardiologie.

Théo Pezel,
Paris

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