COMPTES-RENDUS CONGRÈS : Mise à jour des données sur la LifeVest
Présentée au congrès JSD par le Professeur Laurent Fauchier
La LifeVest ou gilet défibrillateur fait maintenant partie intégrante de l’arsenal de prise en charge du risque rythmique de nos patients. Les premières recommandations portant sur les indications du gilet défibrillateur datent de 2016 (recommandations américaines de l’insuffisance cardiaque).¹ Elles préconisaient alors la mise en place d’une LifeVest pour les patients ayant dysfonction VG significative (FEVG ≤ 35%) jusqu’à réévaluation de la FEVG sous traitement médical optimal à 3 mois dans les cardiopathies non ischémiques et 40 jours dans les cardiopathies ischémiques.
Depuis, nous disposons des données de l’étude VEST publiée en 2018.² Cette étude a cherché à évaluer le bénéfice du gilet sur la réduction du risque de décès rythmique après un infarctus du myocarde avec une FEVG ≤ 35%. L’essai a randomisé les patients en 2/1 dans le groupe LifeVest et le groupe contrôle. Sur 1 524 patients dans le groupe LifeVest et 778 dans le groupe contrôle, il n’existait pas de différence sur le critère de jugement principal à 90 jours : 1,6% de mort subite ou décès par TV/FV vs 2,4% groupe contrôle (RR 0,67 [0,37-1,21], p=0,18). En revanche, on constatait de manière surprenante une réduction du décès toutes causes dans le groupe gilet défibrillateur (RR 0,64 [0,43-0,98], p=0,04), probablement expliquée par le meilleur suivi chez les patients porteurs du gilet.
Depuis, les recommandations européennes sur l’insuffisance cardiaque en 2021 ont reconduit l’indication de grade IIb, niveau de preuve B de la LifeVest chez les patients porteurs d’une insuffisance cardiaque avec FEVG ≤ 35%. Le gilet doit être prescrit pour 3 mois jusqu’à réévaluation de la FEVG sous traitement médical optimal, comme « bridge to » défibrillateur.³ Enfin, en 2022, les récentes recommandations sur la prévention de la mort subite confirment l’indication de grade IIb après un infarctus du myocarde chez des patients sélectionnés. (4)
Ainsi, les indications remboursées de la LifeVest en France sont les suivantes :
- Après explantation d’un défibrillateur pour infection
- En attente transplantation cardiaque (à réévaluer tous les 3 mois, c’est-à-dire une insuffisance cardiaque sévère)
- Après revascularisation myocardique si FEVG ≤ 35% jusqu’à réévaluation de la FEVG pour trancher sur l’indication du défibrillateur à 1 ou 3 mois
- Après infarctus du myocarde aigu si FEVG ≤ 35% à 48h de l’admission jusqu’à réévaluation de la FEVG pour trancher sur l’indication du défibrillateur à 1 ou 3 mois
- Cardiopathie ischémique connue et FE ≤ 35% jusqu’à indication du DAI clairement établie ou amélioration de la FE > 35%
Des données récentes montrent que parmi 353 patients porteurs d’une LifeVest pour cardiopathie ischémique, on compte 4% de traitements appropriés sans aucun traitement inapproprié. (5)
De plus, > 85% des traitements appropriés ont lieu dans les 3 premiers mois post infarctus.
Ces taux de traitement étaient légèrement moindres dans l’essai français WEARIT incluant plus de 1100 patients (2% de chocs appropriés et < 1% de chocs inappropriés), avec une compliance au gilet tout à fait satisfaisante et une durée médiane de port de 23,4 heures. (6)
Dans l’étude VEST, la durée médiane de port du gilet par jour était de 18 [3,8-22,7] heures… Il semble que cette donnée puisse expliquer en partie l’absence de bénéfice sur le risque rythmique. Ainsi, le patient qui relève de la pose d’une LifeVest doit bénéficier d’une éducation adaptée avant la pose de la veste pour assurer une adhérence optimale ! Les avantages du gilet ne peuvent être tangibles que si le patient en comprend les implications, l’utilisati on pratique et l’importance du port toute la journée (sauf pour la douche bien sûr).
Points clés :
- Les avantages et inconvénients du gilet défibrillateur doivent être discutés avec le patient et sa famille, au cours d’une séance d’éducation appropriée pour favoriser une bonne adhérence au port du gilet.
- L’utilisation temporaire du gilet est raisonnable chez les patients présentant un risque élevé de TV/FV et chez qui l’on peut anticiper une bonne adhérence.
- Les indications ont récemment été un peu élargies en France et comprennent maintenant également la cardiopathie ischémique stable avec FE ≤ 35%.
Orianne Weizman