Il arrive que la création d’une œuvre d‘art ou sa commercialisation défraient la chronique. Dans le genre, La petite fille au ballon de Bansky bat les records dans tous les domaines. Mazette quelle histoire !
Il s’agit d’une série d’œuvres d‘art urbain (street art) de Bansky apparue pour la première fois en 2002 sur un mur à Londres. En 2014, l’œuvre est effacée mais une reproduction est mise aux enchères dans une vente intitulée « Stealing Banksy » et atteint la somme de 500000£. En mars de la même année, pour le troisième anniversaire du conflit en Syrie, Banksy revisite son œuvre. Il ajoute un voile sur le visage de la petite fille et l’hashtag #WithSyria, dans le cadre d’une campagne de soutien aux enfants syriens, organisée aux côtés d’Amnesty International. Son œuvre revisitée sera projetée sur plusieurs monuments tels que la Tour Eiffel à Paris et la colonne Nelson à Londres. Enfin, dans une magistrale et provocante action de communication, une version encadrée de la petite fille et du ballon est mise en vente en 2018 chez Sotheby’s à Londres. Immédiatement après le coup de marteau d’adjudication à 1,6 million£, l’œuvre s’auto-détruit partiellement et sa partie inférieure est découpée en fines lamelles, devant le regard médusé des spectateurs… et de l’acheteuse. Dans ce geste provocateur de dénonciation des excès de l’argent dans l’art, Bansky reconnait avoir dissimulé une déchiqueteuse dans le cadre, pour le cas où le détenteur de son œuvre tenterait de la revendre aux enchères. L’œuvre est rebaptisée « Love in the bin » (« L’amour dans la poubelle »). L’objectif de l’artiste a-t-il été atteint ? Pas vraiment puisque 3 ans après cette transformation opérée en direct, sa propriétaire l’a remise en vente publique en octobre 2021 et l’adjudication a atteint la somme de 18,6 millions £ (21,8 millions€) ! L’œuvre originale est un graffiti réalisé à l’aide de pochoirs et de peinture aérosol, situé sur un escalier à Londres sous le pont Waterloo dans le East Side. Il représente une petite fille vêtue d’une robe noire et qui tend la main vers un ballon rouge en forme de cœur qui s’envole ou qu’elle vient de laisser échapper.
À la droite de la jeune fille, à la même hauteur que le ballon, est inscrit There is always hope (« Il y a toujours de l’espoir »). L’œuvre est composée de trois couleurs : rouge, noir et blanc. Sa signification est multiple et son interprétation peut varier selon la sensibilité et l’imaginaire de chaque spectateur. La petite fille illustre la fragilité, l’innocence et la vulnérabilité de l’enfance dans un monde conflictuel. Le ballon représente l’espoir, la légèreté et les rêves d’un monde meilleur. Sa forme de cœur et sa couleur rouge sont un symbole universel d’amour, de passion voire de compassion. L’envol du ballon image la perte de l’innocence et de la liberté. D’autres au contraire y verront l’image du lâcher prise ou de l’amour perdu, le texte d’accompagnement sur le mur autorisant toutes les interprétations. L’œuvre de Bansky est un mélange de poésie, d’ironie, de critique sociale et politique. Ces images simples mais puissantes dénoncent la violence et les guerres. Mais aussi la marchandisation de l’art qui, pour lui, doit rester avant tout un moyen d’expression. Le Street art de Bansky continue d’inspirer de nombreux artistes mais aussi de provoquer des conversations dans le monde de l’art et au-delà. Qui est Bansky, cet artiste engagé mondialement connu tout en restant anonyme ? Il protège jalousement son identité, refuse les interviews et les apparitions publiques. D’après les travaux de « profileurs géographiques » ou les conclusions d’une enquête du Daily Mirror, il s’agirait d’un dénommé Robin Cunningham, originaire de Bristol. Il n’a jamais confirmé ni infirmé ces spéculations. Mais est-ce si important ?