Miedema MD, Petrone A, Shikany JM, et al. Association of Fruit and Vegetable Consumption During Early Adulthood With the Prevalence of Coronary Artery Calcium After 20 Years of Follow-Up: The Coronary Artery Risk Development in Young Adults (CARDIA) Study. Circulation. 2015 Nov 24;132(21):1990-8.

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La défense du slogan « 5 fruits ou légumes (F&L) par jour » repose sur peu d’arguments mais une nouvelle analyse des données de l’étude CARDIA (Coronary Artery Risk Development In young Adults) pourrait en renforcer la légitimité. Cette étude de cohorte a permis de suivre à long terme des sujets qui avaient 18 à 30 ans à l’inclusion en 1985-86. Ils avaient tous eu alors une évaluation détaillée de leur style de vie et notamment de leurs habitudes alimentaires. Après 20 ans de suivi leur score calcique coronaire a été évalué sur la base de 2 examens tomodensitométriques. Ces examens, de réalisation relativement facile, a permis un classement binaire en calcifications coronaires absentes ou présentes (Agatston modifié = 0 ou =1-10) en sachant la valeur prédictive du risque de décès associé à la présence de calcifications coronaires même minimes.

Les 2 506 patients avaient, à l’inclusion, un âge moyen de 25,3 ± 3,5 ans avec 62,7% de femmes. L’identification, dans les habitudes alimentaires, de la consommation de 165 F&L a permis un regroupement en 9 catégories qui ont servi à déterminer le nombre de fruits et légumes consommés par jour après exclusion, de principe, de certains dont on n’attend pas d’effet protecteur (pommes de terres en particulier frites, petits pois, haricots secs, lentilles …). Les résultats sont donnés sous la forme de l’Odds-Ratio (OR) d’avoir des calcifications coronaires en fonction de la consommation de F&L classée en tertiles dont le plus bas sert de référence (= risque 1,0). Tous les OR sont au minimum ajustés sur l’âge et la race et pour des apports énergétiques ramenés à 2000 kCal/j.

Les consommations basses, intermédiaires et élevées de F&L correspondent respectivement à 3-4/jour, 5-8/jour et 7-9/jour. Sans autre ajustement que sur l’âge et la race, il y a une tendance à avoir moins de calcifications coronaires avec l’augmentation de la consommation de F&L : OR à 1,0 (réf) pour le tertile (T1) le plus bas de consommation, 0,71 (0,55 – 0,93) pour le T2 et 0,65 (0,50 – 0,85) pour le T3 avec un p tendance à 0,001. Avec un modèle statistique prenant aussi en compte les caractéristiques démographiques on retrouve la même tendance du T1 au T3 avec des OR respectifs de 1,0 (réf), 0,78 (0,59 -1,02) et 0,74 (0,56 – 0,99). Avec un modèle prenant aussi en compte la consommation des légumes exclus de l’analyse initiale, la différence est moins marquée mais toujours significative. La consommation de F&L ne diffère guère entre l’évaluation des habitudes alimentaires initialement et 20 ans plus tard et la prise en compte des secondes ne modifie pas la tendance générale (p< 0,001). Toutefois l’effet bénéfique repose essentiellement sur les participantes de sexe féminin. Les auteurs de ce travail soulignent que les modifications du style de vie pourraient simplement avoir un impact supérieur chez les femmes et qu’il ne faut pas conclure hâtivement à l’absence d’effet chez les hommes alors que certains travaux semblent tout de même montrer le contraire.

Ces données obtenues chez des adultes jeunes vont dans le même sens que des données obtenues précédemment chez des adultes d’âge moyen et le moindre effet dans le sexe masculin avait déjà été souligné.

La comparaison des régimes alimentaires des sujets de cette étude montre que ceux qui consomment plus de F&L sont aussi ceux qui consomment le moins de d’aliments délétères sur le risque cardiovasculaire (gras, sucre …). La prise en compte statistique de cette différence atténue l’effet des F&L mais ne l’efface pas, ce qui suggère que l’effet des F&L ne tient pas uniquement à la moindre consommation d’aliments délétères mais qu’il peut y avoir une alimentation à effet favorable positif.

Dr JLG

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