Yves Nadjari nous a quittés le 17 mai dernier et il repose maintenant chez lui, en Corse. Pour tous ceux qui l’ont connu, et ils sont nombreux, sa disparition est une grande perte. Yves était avant tout un homme chaleureux et enthousiaste, aimant le contact humain. Bien sûr, il aimait consacrer du temps à ses patients, et il a toujours tenu à garder une activité clinique de consultation en cardiologie, malgré son changement d’orientation professionnelle lorsqu’il s’est dirigé vers l’édition médicale et l’événementiel avec la création de Cardiologie Pratique et de son Salon. C’était aussi, et peut-être avant tout, un esprit pétillant, jamais en repos.

Il aimait rencontrer les gens, discuter avec eux, faire ce qu’il appelait un “ping-pong” intellectuel avec ses interlocuteurs : lancer une idée et voir comment les autres la lui renvoyaient. Devant toute situation, il cherchait à inventer pour faire mieux que l’existant. Avec parfois, il faut bien le reconnaître, des idées plutôt farfelues, mais le plus souvent avec des propositions réellement originales, qui ne seraient venues en tête de nul autre que lui. C’est cette partie de conception initiale des projets qu’il aimait tout particulièrement, plus encore que leur réalisation pratique ensuite. Il cherchait toujours à innover. C’était aussi un homme de conviction, de passions, qui menait des combats : ces dernières années, il avait fait de la lutte contre le tabac et de la promotion de l’activité physique ses chevaux de bataille.

Pas une seule rencontre sans qu’il aborde le sujet, se demandant quelle pouvait être la méthode la plus efficace pour guérir les fumeurs de leur addiction, comment procéder pour encourager la population entière à aller nager le plus de longueurs possibles, tous les jours que Dieu fait, qu’il pleuve ou qu’il vente ! J’ai eu la chance de rencontrer vraiment Yves Nadjari quand il m’a contacté avec l’idée de lancer une nouvelle revue de formation continue, centrée sur la diffusion des recommandations de pratique destinées aux cardiologues : c’est ainsi qu’est né Consensus Cardio, une aventure extraordinaire. Yves nous laissait une liberté éditoriale totale, qui nous a permis d’imprimer à la revue une marque unique. Les réunions du comité éditorial, composé d’un groupe d’amis jamais à court d’idées, étaient toujours un bonheur ; les idées partaient dans tous les sens et toute l’équipe faisait en sorte de les remettre en ordre, pour aboutir à cette revue que les cardiologues aimaient lire, qu’ils attendaient chaque mois. L’ambiance était toujours chaleureuse, avec Yves à la tête et le groupe des “filles de Consensus”, qui étaient de toutes nos réunions, et plus tard Fabrice et Alexandre, venus seconder leur père.

Chaque réunion laissait une sensation de joie de vivre, de bouillonnement intellectuel amical, toujours productif. Yves Nadjari va nous manquer, il manquera au paysage cardiologique, comme au paysage de la presse médicale française. En plus de sa Corse natale, Yves avait trois amours : son épouse Catherine, et ses deux fils, à qui j’adresse mes pensées affectueuses de sympathie, auxquelles, j’en suis certain, beaucoup de lecteurs se joindront.

Nicolas Danchin

Commentaire(0)