Pour vous, quelles ont été les 2 ou 3 principales avancées en cardiologie depuis l’an 2000 ?

Tout d’abord, en l’an 2000, je passais mon baccalauréat donc je n’ai qu’une vision très théorique des avancées ayant eu lieu entre 2000 et 2006, date de début de mon internat ;-). Ensuite, faisant partie de l’équipe de Bichat, il y a un biais dans mes réponses, orientées vers la cardiologie structurelle, mais cela étant dit, les voici:

L’avènement et le développement du TAVI, ayant mené aux techniques dérivées de TMVI et TTVI. L’équipe de Bichat a ainsi pratiqué plus de 100 TMVI, avec une valve Edwards Sapien, donc dédiée au TAVI, placée en position mitrale, que ce soit dans une prothèse biologique chirurgicale (valve-in-valve) ou dans un anneau de plastie (valve-in-ring) détériorés, ou encore au sein de calcifications sévères de l’anneau mitral dans les atteintes dégénératives des sujets âgés (Valve-in- MAC, Mitral Annulus Calcification). Des prothèses dédiées à la valve mitrale sont d’ailleurs développées pour améliorer cette technique naissante et déjà prometteuse.

Bien que plus confidentielle, cette procédure est également applicable aux dégénérescences de bioprothèses tricuspides (TTVI) et notre service a été pionnier dans ces implantations particulières.

Pour rester sur la valve tricuspide, autrefois surnommée la “valve oubliée”, la reconnaissance de son importance et le développement de techniques percutanées pour tenter de corriger les insuffisances tricuspides fonctionnelles. Même si les différentes procédures en sont à leurs balbutiements, les premiers essais et les espoirs engendrés sont toujours très excitants ! Enfin, je soulignerais la reconnaissance de l’insuffisance cardiaque comme une surspécialité à part entière.

 

Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle ?

Je suis désolée mais il m’est tout bonnement impossible de répondre à cette question, tant une ou même deux réponses seraient réductrices.

Voici donc mon inventaire à la Prévert : le premier congrès de l’ESC à Stockholm avec Bernard (Iung), le Collège des Cardiologues en Formation, le clinicat avec Dominique Himbert, la première ponction lombaire, les projets de recherche à monter puis mener, l’implication à la SFC, la décharge d’adrénaline et l’humain en intra-veineux des gardes, la relecture/réécriture des articles avec Mr Vahanian… À la main !, la rencontre avec Mr Corvol en premier semestre, la recherche fondamentale au Collège de France puis à KUL, les gardes aux urgences de Vire (trauma facial par sabot de vache), la formation de l’ESC à Zürich, la première rémission complète de leucémie aigüe, la visite avec Bernard (Iung encore;-), les quelques minutes post-visite de Mr Vahanian quand tout s’est bien passé, les zymographies pour les nuls au milieu de la nuit, les liens qui se tissent avec les collègues, faire répéter sa première présentation en congrès à un interne, les concours de petits LU avec les infirmières d’USIC, tous mes oublis… et 1 raton laveur.

Quel serait votre principal regret ?

De la même façon que précédemment, c’est une question difficile car il y a tellement de choses que je voudrais faire/apprendre et qui deviendraient des regrets si je n’en avais finalement pas l’occasion ! Donc, prenant en considération que je compte réaliser tout le reste, je dirais : ne pas avoir suffisamment profité de l’expérience de Gabriel Steg pendant que j’avais la chance de le cotoyer régulièrement. Mais j’espère bien me rattraper, même si la distance entre nos bureaux grandit. Ah si, tout de même, un vrai regret : avoir perdu 3 ans à tenter de faire des choses correctes avec des gens incorrects. Ceux qui me connaissent les identifieront sans peine et pour les autres, sachez juste que tout n’a pas toujours été parfait, même si, dans l’ensemble, j’estime que nous avons un métier merveilleux et donc beaucoup de chance !

 

Comment voyez-vous le futur ?

Long, enthousiasmant, statistique, collaboratif, avec de grandes bases de données, des copains, du rire, de la sueur, peut-être quelques larmes, des montagnes de projets, de la médecine publique, des nuits de boulot, des journées de boulot, des équipes motivées, des mentors stimulants, peu d’indulgence, des envies, des réussites, quelques claques mais pas trop, une émulation intellectuelle, de la bonne clinique, des internes qui paraissent de plus en plus jeunes, et… un autre raton laveur.

Claire Bouleti,
Poitiers

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