LA RETRAITE N’EST-ELLE PAS LE MOMENT OPPORTUN OÙ NOUS POUVONS ASSOUVIR NOS PASSIONS ?

Après avoir eu une profession, pour le moins prenante, chacun d’entre-nous se trouve, du jour au lendemain, à la retraite. Le téléphone ne sonne plus, les e-mails sont vides. Une certaine joie d’avoir enfin du temps pour soi laisse la place à la peur du saut dans l’inconnu. Nous devons réfléchir, bien en amont, à ce moment fatidique. Depuis longtemps je rêvais de faire des études en histoire de l’art. Cette passion que je dois à mon grand-père, date de mes 18 ans. La découverte, en stop, de la richesse artistique de l’Italie fut une révélation. Inscrit à l’Ecole du Louvre lors de mon internat, puis après mon installation en licence d’histoire, je dus rapidement abandonner, devant la somme de travail à fournir.

 

Fin juin 2013, l’heure de la retraite arriva.

Un moment difficile, je fermais avec beaucoup de tristesse une page merveilleuse de ma vie, remplie de souvenirs. Avec nostalgie, je mis fi n à toutes mes fonctions syndicales et professionnelles. Dès le mois de juillet je m’inscrivis en première année d’histoire de l’art à la Sorbonne, refusant toutes les équivalences. Je ne suis pas prêt d’oublier le premier jour !! Assis dans les derniers rangs de l’amphi, je cherchais, en vain, une personne de mon âge.
Brusquement, le silence devint total, le professeur chargé de la licence prit la parole : « vous avez la chance d’être à la Sorbonne, vous êtes ici pour travailler, si vous n’êtes pas passionnés par l’histoire de l’art, ne perdez pas votre temps, changez d’orientation ! »

Cette première année fut un test. Je percevais parfois des regards interrogateurs. Qui peut bien être ce « type » âgé aux cheveux blancs ? Mon âge n’était pas un gage de passe-droit. Allant m’excuser, auprès de notre enseignante de TD, de mon absence lors du cours suivant, celle-ci me répondit sèchement : « Monsieur, c’est la première et la dernière fois ! ».

Très vite, je découvris la pauvreté de mes connaissances. Ma mémoire n’était plus ce qu’elle était. L’heure des examens arrivée, j’appris à réécrire sur une feuille papier de façon lisible, à construire un plan et à ne pas oublier une phrase, une idée. Durant les trois années de licence, j’assistais à environ 25 heures de cours par semaine. Habitant près d’Orléans, les journées étaient éprouvantes, mais, oh combien passionnantes et riches en connaissance. La conception d’exposés me permit d’entrer en relation avec mes jeunes collègues.

En master, quittant les bancs de la Sorbonne pour l’Institut National d’Histoire de l’Art, mon choix se porta sur l’histoire de l’art moderne. L’obtention du diplôme tenait à la réalisation d’un mémoire, un travail moins scolaire, avec un nombre de cours réduit entre 6 et 8 heures par semaine. Toute la difficulté fut de trouver un sujet. L’objet de mon étude porta sur un peintre méconnu, né à Orléans à la fin du XVIe siècle, Noël Quillerier. Pour lire les actes notariés, je suivis des cours de paléographie à l’École nationale des Chartes.

 

Aujourd’hui j’attaque une thèse, un travail solitaire de plusieurs années : Construire à Orléans au Grand Siècle, sous la direction d’Alexandre Gady. Un nouveau challenge basé sur la découverte de documents méconnus. J’avoue être incertain de terminer tant cela demande de travail…

Christian Ziccarelli,
Orléans

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