Pour vous quelles ont été les principales avancées en cardiologie depuis l’an 2000 ?

Si on se limite au champ thérapeutique, le fait le plus marquant des 20 dernières années est le contraste entre un essor remarquable des thérapies non-pharmacologiques auquel les cardiologues français ont largement contribué (TAVI, stent coronaire, ablation endocavitaire des arythmies, resynchronisation cardiaque…) et la stagnation du médicament.

Les années 80’-90’ nous avaient habitués à des innovations pharmacologiques majeures et continues dans le domaine cardio-vasculaire. Depuis 2000, les vraies innovations sont devenues très rares.

A cela plusieurs raisons : le haut niveau de preuves avec les médicaments existants, les difficultés croissantes pour démontrer une amélioration du service médical rendu avec les nouveaux produits, l’investissement prioritaire de l’industrie dans des domaines jugés plus porteurs, à commencer par le cancer.

Ces tendances doivent nous interroger.

 

Quelle a été votre principale satisfaction dans votre carrière ?

La satisfaction d’avoir contribué à créer une école de cardiologie dans ma ville, à Rennes, de lui avoir donné une visibilité internationale et de la voir se pérenniser grâce à mes “élèves” et amis les plus proches.

 

Quel a été votre principal regret ?

Comme tous, j’ai connu frustrations et échecs. Mais en bon breton têtu, je suis toujours revenu à la charge quelques mois ou quelques années après un premier échec, lorsque j’étais convaincu que l’idée était bonne et que j’avais probablement raison. Finalement, j’ai été plutôt heureux dans ma carrière de cardiologue-clinicien, enseignant-chercheur, chef de service et chef de pôle, président des différentes instances de notre discipline… En bref, j’ai su effacer les mauvais souvenirs et je n’ai donc pas de grand regret

 

Et que devient-on après la cardiologie ?

Il existe certainement une vie après et sans la cardiologie. Reste à la préparer en amont ou à la découvrir sur le tard. Personnellement, je ne suis pas encore au stade du renoncement.

Si j’ai abandonné toute activité clinique, je me suis “accroché” à une activité académique et d’expertise en lien avec la cardiologie : éméritat universitaire, aide à la publication pour les jeunes cardiologues, conseil scientifique de la fondation coeur & recherche, membre de la commission de transparence de la HAS… en essayant de rester utile sans être un poids pour les autres.

Toutefois, j’ai bien conscience que ces activités ne sont qu’éphémères, que le temps investi va rapidement diminuer et que prochainement, je vais devoir découvrir une vie sans cardiologie.

Jean-Claude Daubert,
Rennes

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