Pour vous, quelles ont été les 2 ou 3 principales avancées en lipidologie depuis l’an 2000 ?

Une des avancées principales en lipidologie est issue d’une collaboration franco-canadienne avec découverte de mutations “gain de fonction ” dans le gène PCSK9 induisant une hypercholestérolémie familiale.

C’est grâce à l’équipe de génétique du Professeur Catherine Boileau que toute l’histoire de cette protéine PCSK9 a débuté, protéine qui est maintenant reconnue comme un régulateur clé du métabolisme des LDL. De plus, cette découverte a eu des conséquences cliniques très rapides avec développement d’anticorps monoclonaux anti-PCSK9 particulièrement efficaces pour abaisser le taux de LDL plasmatique.

Une autre avancée majeure en lipidologie est liée à nouveau à la génétique avec de très nombreuses études qui ont permis de préciser les liens entre les diverses fractions des lipoprotéines et le risque de développer une athérosclérose. Au-delà des LDL, les données génétiques récentes ont remis à l’honneur le rôle des lipoprotéines riches en triglycérides et celui de la lipoprotéine(a) avec là encore des espoirs pour le développement de nouvelles thérapeutiques spécifiques.

 

Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle ?

Ma meilleure expérience professionnelle est de loin sur une très longue période toute l’amélioration dans la prise en charge des hypercholestérolémies familiales.

Alors que cette maladie héréditaire conduisait systématiquement à une atteinte athéromateuse majeure en l’absence de traitement efficace, nous avons maintenant en théorie tous les moyens thérapeutiques à notre disposition pour traiter ces patients dont le pronostic est transformé par rapport à ce qui se passait dans la génération précédente.

 

Quel a été votre principal regret ?

Mon principal regret est sans doute de voir autant de polémiques en France vis-à-vis de la prise en charge des dyslipidémies et en particulier de l’hypercholestérolémie.

Alors que nous avons de nombreuses études de prévention cardiovasculaire cohérentes et convaincantes au départ avec les statines, puis avec d’autres agents associés aux statines, plus les preuves se sont accumulées vis-à-vis des bénéfices, plus les polémiques ont semé le doute, non seulement vis-à-vis des patients mais également de certains médecins. Il est navrant de constater une moindre utilisation des statines, même chez les patients à très haut risque cardiovasculaire.

 

Comment voyez-vous le futur ?

En dehors de quelques cas particuliers, nous avons dès maintenant tous les moyens thérapeutiques, pour abaisser au mieux le taux de LDL plasmatique.

Le futur en lipidologie sera certainement vis-à-vis de l’action d’une part sur le risque lié aux lipoprotéines riches en triglycérides et d’autre part, des moyens d’abaisser de façon importante la Lp(a). De très nombreuses stratégies thérapeutiques sont en développement utilisant soit des anticorps monoclonaux, soit des siRNA, et l’enjeu pour le futur sera d’arriver à individualiser beaucoup mieux la prise en charge en précisant quel type d’association d’hypolipémiants sera à privilégier patient par patient.

Michel Farnier,
Dijon

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