Pour vous, quelles ont été les 2 ou 3 principales avancées en chirurgie cardiovasculaire depuis l’an 2000 ?
Solutions moins invasives pour la chirurgie valvulaire
De nombreuses équipes chirurgicales sont impliquées dans la réalisation de TAVI non seulement aortique mais aussi mitrale. La ministernotomie est devenue quasi systématique dans certains centres pour la chirurgie valvulaire. La chirurgie mitrale est souvent pratiquée par une minithoracotomie vidéo-assistée éventuellement à l’aide d’un « robot ».
Revascularisation myocardique
Les études cliniques ont permis de définir au mieux le choix entre angioplastie et pontages. Dans certains centres, la quasi-totalité des revascularisations est effectuée de façon exclusive à l’aide des deux artères mammaires.
Chirurgie de l’aorte
La chirurgie de l’aorte ascendante conservatrice voire réparatrice de la valve aortique est devenue un standard. La chirurgie de la crosse de l’aorte est devenue plus courante et plus simple grâce à l’utilisation de prothèses hybrides. Le traitement endovasculaire par endoprothèses couvertes est devenu un complément indispensable à l’arsenal chirurgical de l’aorte thoraco-abdominale.
Cardiopathies hypertrophiques
Depuis quelques années, il y a un regain d’intérêt de la chirurgie pour le traitement des CMH avec une amélioration des techniques chirurgicales aidées par l’imagerie préopératoire et une meilleure compréhension des traitements conservateurs associés de la valve mitrale.
Insuffisance cardiaque
Le développement de programmes d’ECMO a permis d’améliorer la prise en charge du choc cardiogénique quelle qu’en soit l’origine. Les systèmes d’assistance temporaire permettent d’aborder avec plus de sécurité et d’efficacité la chirurgie cardiaque chez les patients présentant une dysfonction myocardique sévère. Les assistances monoventriculaires gauches à débit continu ont révolutionné la prise en charge de l’insuffisance cardiaque chronique que ce soit en attente de transplantation ou en assistance de longue durée.
Travail d’équipe
Nombre de ces améliorations ont été accompagnées par une prise en charge multidisciplinaire renforcée dans le cadre d’équipes médico-chirugicales.
Quelle a été votre principale satisfaction dans votre carrière ?
Au-delà de la technicité accrue des gestes chirurgicaux et de l’amélioration des résultats cliniques, nous assistons depuis plusieurs années à une amélioration nette de la prise en charge de la composante humaine du soin médical et paramédical en chirurgie cardiaque, tant en ce qui concerne les patients que leur entourage. Cela passe aussi, à la Pitié-Salpêtrière par le regroupement des équipes dans un institut de cardiologie avec pour corollaire des locaux adaptés, une efficience médicale accrue, une organisation plus fluide.
Quel a été votre principal regret ?
Ne pas avoir encore réussi à mieux fédérer avec les cardiologues la prise en charge de l’insuffisance cardiaque terminale à l’instar de nombreux autres pays dans le monde.
Comment voyez-vous l’avenir ?
La chirurgie cardiaque va continuer à devenir de moins en moins invasive, non seulement parce que l’incision réduit de taille et est progressivement remplacée par une ponction mais aussi et surtout parce que l’émergence des nouvelles techniques amène à un travail d’équipe indispensable et à une prise en charge du patient dans sa globalité. Le but n’est pas de sacrifier les avantages de la chirurgie sur l’autel dogmatique du moins invasif mais de reproduire la qualité indéniable du résultat chirurgical avec les techniques moins invasives.
Pascal Leprince,
Paris