Drunk
Il s’agit d’un essai multicentrique, danois et hollandais, non randomisé, à faible puissance car l’effectif est restreint, n=4 mais de durée significative, puisque l’on suit la scolarité l’année du baccalauréat d’un prestigieux collège privé scandinave. L’objectif principal est de confirmer l’hypothèse que l’être humain ne peut être au maximum de ses capacités intellectuelles que chroniquement imbibé d’alcool avec un seuil prédéterminé de 0,50 g/litre. Quatre professeurs de terminale s’attachent à cette démonstration avec beaucoup d’entrain et de pragmatisme et le seuil est rapidement atteint et dépassé. Tous les effets secondaires attendus surviennent; déchéance professionnelle, multiples conduites à risque, éclatement familial. Si le quatuor reste indéfectiblement uni, l’hypothèse n’est pas vérifiée, l’auteur ne propose pas de refaire l’expérience par exemple sur l’ensemble du collège… Les danois associent une hygiène de vie exceptionnelle, tout le monde fait du sport, à un éthylisme redoutable à l’aquavit: les scandinaves s’ennuient beaucoup, même si les danois sont les méridionaux du coin. Cela n’est pas traité comme une comédie à la “Very bad trip” mais une tragédie sociale terriblement ennuyeuse en dehors peut-être de la scène de coma éthylique généralisé, sans morale claire autre que ce n’est pas bien de boire et il n’est jamais trop tard pour revenir sur le droit chemin. Au-delà du fond, pas d’images exceptionnelles non plus : quelques “cartons” explicatifs comme au temps du muet et trop nombreux plans de SMS. Mads Mikkelsen prête sa (sale) gueule au professeur d’histoire, il était plus inquiétant avec ses larmes de sang dans Casino Royale. Le tout mérite tout juste la moyenne 2,5/5. C’était quand même présumé le moins mauvais film pour cette rentrée post confinement bien que la bande annonce d’il y a quelques mois n’ait guère été prometteuse et la bonne quinzaine d’annonces pour les semaines à venir ne prédisent rien de mieux.
Jean-Jacques Altman
Cordiam n°40, JUIN – JUILLET 2021