Quelques miscellanées un peu dépitées pour un deuxième Noël de pandémie 

 

Il est bien difficile de se sentir tonique et optimiste en cette fin d’année, avec la pandémie qui n’en finit pas de rebondir. Et je dois avouer que cela ne facilite pas l’inspiration joyeuse que devrait susciter l’écriture d’un éditorial de Noël… Essayons quand-même d’égayer un peu notre réflexion. Quoique…

Pour cela, comme souvent, je vais m’inspirer des numéros « Christmas » du British Medical Journal. Comme à l’habitude, on y trouve des articles humoristiques, mais qui ont souvent un fond plus sérieux qu’en apparence. Et pas forcément très gai…

 

Un premier article a cherché à savoir si l’envoi d’une carte de vœux aux patients participant à des études randomisées améliorait la qualité du suivi. Malheureusement, la réponse est négative : le taux d’absentéisme des patients lors de la visite de protocole suivant la période de Noël est de 15 %, que les patients aient reçu ou non une gentille carte de vœux. Ce travail, certes amusant, met en évidence la difficulté réelle de mener à bien une étude prospective randomisée. Une fois passés les obstacles réglementaires, de plus en plus considérables, mais incontournables pour avoir le droit de débuter l’étude, il faut réussir à faire participer et à fidéliser des patient(e)s de plus en plus méfiant(e)s vis-à-vis du corps médical et de la « chose scientifique » en général. Nous sommes passés à l’ère de Twitter, Youtube et TikTok, en somme… 

Un article plus ancien (Noël 2014) nous suggère, pour ce qui est des études cliniques, de commencer par balayer devant notre porte. Il recense les essais randomisés traitant de problématiques chirurgicales, enregistrés sur Clinicaltrials.gov, le principal site d’enregistrement d’études cliniques. Parmi ceux-ci, 20 % n’arrivent pas à leur terme ; parmi les essais terminés, un tiers ne sont jamais publiés ; et la plupart des coordonnateurs d’essais non publiés sont injoignables dès lors qu’on cherche à connaître les raisons de l’absence de publication. Ces résultats sont préoccupants à plus d’un titre : sur le plan de l’éthique d’abord, puisque des patients ont été inclus « pour rien » dans des essais thérapeutiques, sur le plan économique ensuite, puisque les études inachevées ou non publiées ont coûté de de l’énergie et de l’argent, également pour rien. 

Enfin, cerise sur le gâteau, le BMJ propose un petit jeu, avec une liste de titres d’articles de Noël, dont la moitié ont réellement été publiés et la moitié ont été créés par intelligence artificielle. Mauvaise nouvelle, à ce jeu, je n’ai eu que 47 % de bonnes réponses ! Autant dire qu’il devient presque impossible de distinguer un titre imaginé par un cerveau humain d’un titre inventé par une machine. Entre ça et le métavers, restera-t-il une place pour l’humain dans le futur ? Bon. Que la tonalité un peu morose de cet édito ne vous empêche pas de passer de bonnes fêtes et de bien débuter l’année 2022. Il nous reste malgré tout beaucoup de choses intéressantes et utiles à faire dans le futur proche ! 

 

Et, pour vous laisser sur une note plus sucrée, un dernier travail (publié pour Noël 2013) sur le temps de survie des chocolats en période de Noël dans les services hospitaliers : les auteurs ont placé dans les postes infirmiers des boîtes de chocolats Quality Street (Nestlé) ou Roses (Cadbury). Les boîtes étaient ouvertes en moyenne 12 minutes après avoir été déposées et le temps de survie médian d’un chocolat a été de 51 minutes. Si la survie des chocolats Quality Street a été de 30 % plus longue que celle des chocolats Roses, je vous laisse imaginer le temps de survie minuscule qu’auraient eus des chocolats de Ducasse ou de la Maison du Chocolat ! 

 

PETIT QUIZ : 

de ces deux titres, lequel est créé par intelligence artificielle ? 

  1. Is the glass half empty or half full? An observational study of general practitioners’ attitudes to patient complaints *
  2. Black medicine: an observational study of doctors’ coffee purchasing patterns at work **

* (Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ? Une étude observatoire de l’attitude des praticiens généralistes face aux plaintes des patients.

**(Médecine noire : une étude observatoire des habitudes d’achat de café des médecins au travail.)

 

 

Nicolas Danchin 

Conflits d’intérêts : ND déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts avec les différents chocolatiers, mais avoue avoir une vraie préférence pour les chocolats noirs.

CORDIAM N°43 DÉCEMBRE 2021

 

 

 

RÉPONSE DU PETIT QUIZ :

de ces deux titres, lequel est créé par intelligence artificielle ? 

  1. = intelligence artificielle
  2. = titre authentique
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