Emond A, Ridd M, Sutherland H et coll.The current health of the signing Deaf community in the UK compared with the general population: a cross-sectional study BMJ open 2015;5:e006668.

 Téléchargeable via : http://bmjopen.bmj.com/content/5/1/e006668.full.pdf+html

La prévalence des diverses pathologies est mal connue dans le monde des mal-entendants. Cette population (utilisant le langage des signes) est estimée à environ 20 000 au Royaume-Uni où a été réalisée cette étude qui visant à recueillir ce type d’informations (l’équivalent en France est difficile à chiffrer avec des prévalences parfois plus de dix fois supérieures).

L’étude a porté sur 298 mal-entendants recrutés en 2012-2013 (20 à 82 ans, 46% d’hommes), représentatifs (âge, sexe, ethnie) de la population générale non mal-entendante et utilisateurs de la langue des signes. Les données de la population non mal-entendante étaient issues de 2 précédentes études épidémiologiques dans la population générale (entre 2009 et 2011).

Quarante-et-un pour cent des mal-entendants étaient en surpoids (IMC 25-30) et 30% obèses (IMC > 30), soit au total 71% des hommes et 75% des femmes (et 90% des plus de 65 ans !) avec l’un ou l’autre de ces critères contre respectivement 65% et 58% chez les témoins (p < 0,001 mal-entendants vs témoins). Sur la base de l’index NICE combinant IMC et périmètre abdominal, 48% des mal-entendants étaient à risque élevé ou très élevé de maladie grave (cardiovasculaire, rhumatismale ou certains cancers).

Parmi les mal-entendants, 23% se savaient hypertendus et 14% l’ignoraient, avec une prévalence d’HTA plus élevée chez les femmes. L’équivalent chez les témoins était respectivement de 23% et 6% sans distinction de sexe. 51% des mal-entendants se sachant hypertendus recevaient un traitement antihypertenseur (dont 42% normalisés), l’équivalent estimé dans la population témoin étant de 62% traités dont 80% normalisés. Onze pour cent des mal-entendants avaient des glycémies anormales dont 3% de diabétiques et 8% de prédiabétiques (¾ de ces derniers l’ignorant). La prévalence du diabète chez les mal-entendants était comparable à celle des témoins mais la maladie plus souvent ignorée et moins bien traitée. Les mal-entendants étaient moins souvent fumeurs (8%) ou consommateurs d’alcool (2 à 8 unités par semaine) mais ils étaient plus souvent dépressifs (31% des femmes, 14% des hommes).

Par rapport aux témoins, moins de mal-entendants avec antécédent cardiovasculaire ischémique recevaient un traitement de fond antiagrégant et moins de mal-entendants se sachant hypercholestérolémiques recevaient un traitement par statine.

Les mal-entendants ont donc un état de santé moins bon que celui de la population générale avec des anomalies probablement moins souvent diagnostiquées et moins souvent traitées. La prévention commence probablement par le contrôle du poids dès le plus jeune âge puis par un dépistage et une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire et en particulier des troubles de la régulation glycémique.

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