Barnes M, et al. Acute myocardial infarction and influenza: a meta-analysis of case-control studies. Heart. 2015 Nov 1;101(21):1738-47.

Lien pubmed (open access) : PMID 26310262

On sait que la grippe augmente le risque cardiovasculaire chez les coronariens connus et que la vaccination est efficace pour réduire ce risque. Cependant, l’effet de la grippe sur le risque cardiovasculaire dans la population générale reste incertain. Des chercheurs australiens en santé publique ont essayé de préciser ce lien en faisant une méta-analyse des quelques études disponibles.

Les études sélectionnées étaient des études cas-contrôles prospectives ou rétrospectives (antérieures à  juin 2014) ayant recruté des patients victimes d’IDM (premier ou récidive) soit exposés à la grippe, soit protégés par la vaccination antigrippale. Malgré des définitions plutôt larges, tant pour l’infarctus du myocarde que pour la grippe, seulement 16 études ont été retenues.

Des 4 études utilisant une définition biologique de la grippe, 2 montraient en elles-mêmes, une association avec le risque d’IDM (disparaissant après ajustements dans l’une d’elle). L’analyse de ces 4 études regroupées ne montre pas d’association significative entre la grippe et le risque d’IDM (Odds Ratio 2,44 ; IC 95% : 0,83-7,20).

Pour les autres patients, inclus sur une définition clinique de la grippe, il y a une association significative avec le risque d’IDM, que la définition soit celle d’un syndrome grippal (OR 2,29 ; IC 95% : 1,11-4,73) ou celle d’une infection non caractéristique des voies aériennes supérieures (OR 1,89 ; IC 95% : 1,35-2,65). Au total, quelle que soit la définition de la grippe, il y a un doublement significatif du risque d’IDM (OR 2,01 : IC 95% : 1,47-2,76). Toutefois, le poids des définitions est considérable puisque la part attribuable de ce risque est de 11,8% lorsqu’il s’agit d’un syndrome grippal et de 63,14% lorsqu’il s’agit d’une banale infection des voies aériennes supérieures, ne laissant qu’un quart du risque évalué sur une définition biologique non discutable de la grippe. Il faut ajouter à cette réserve une hétérogénéité modérée mais statistiquement significative des études dont aucune ne semble avoir influencé à elle seule le résultat.

En revanche, l’effet de la vaccination est significativement favorable, tant dans les études prospectives que rétrospectives et, au total, correspond à une réduction de risque de 29% de survenue d’un IDM (OR 0,71 ; IC 95% : 0,56-0,91). Là encore, il faut signaler une hétérogénéité modérée mais statistiquement significative des études dont aucune ne semble avoir influencé à elle seule le résultat.

Les résultats de ce travail vont dans le sens attendu d’un excès de risque d’IDM lié aux infections respiratoires mais ne va pas au-delà de ce qu’on savait déjà. Le problème de la prévention primaire reste entier mais, connaissant les mécanismes allégués (inflammation, thrombogénicité …), il est tout de même probable qu’il y ait aussi un risque plus élevé dans ce contexte, en particulier pour les patients à haut risque (notamment les diabétiques). L’intérêt de la vaccination semblant acquis en prévention secondaire, l’étendre à la prévention primaire nécessiterait un essai contrôlé chez des patients d’âge intermédiaire (ne relevant pas encore d’une indication de vaccination liée à l’âge) mais la confirmation biologique du diagnostic de grippe serait alors indispensable.

Dr JLG

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