CARDIOLOGIE : LES 10 ANNÉES PASSÉES, LES 10 ANNÉES À VENIR.
Les 10 années passées ont vu émerger des progrès considérables dans notre spécialité. Ces progrès sont techniques, en assistance circulatoire, en interventions percutanées, structurelle ou coronaire, en rythmologie ou en chirurgie cardiaque. Ces progrès sont médicamenteux, biologiques et génétiques. Pour que ceux-ci soient pris en compte dans la pratique quotidienne et parce que tout va très vite, les recommandations de Sociétés Savantes comme celles de la Société Européenne de Cardiologie guident nos pas.
Pourtant, nos constatations sont souvent pessimistes et les recommandations peu suivies. Peu de patients atteignent les objectifs souhaités (dans le domaine de l’insuffisance cardiaque ou coronaire, dans l’HTA, ou dans l’hypercholestérolémie…).
Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous et le défi des 10 années à venir va être de travailler à la mise en place d’organisations pour améliorer l’application des référentiels dans nos pratiques quotidiennes. Ces organisations nécessitent d’abord de renforcer la communication entre les praticiens. Il convient ensuite de formaliser des protocoles partagés par tous, pour appliquer ces référentiels au quotidien.
La gradation des soins, souhaitée par les tutelles et qui se met en place dans les faits, propose des réseaux de soins avec une répartition des unités en niveaux : niveau 1 = prise en charge générale, niveau 2 = prise en charge spécialisée, niveau 3 = prise en charge hyperspécialisée. Cette gradation, souvent déjà mise en place de façon officieuse, devient officielle.
L’HTA est une pathologie fréquente, et pourtant les deux tiers des hypertendus ne sont pas pris en charge de façon optimale. Les protocoles de soins sont devenus simples et efficaces, mais leur diffusion et l’identification de spécialistes en HTA à qui s’adresser restent très insuffisantes. Quatorze centres de niveau 3 sont identifiés, pour traiter les cas les plus difficiles.
Au-delà, c’est toute une filière qui nécessite d’être renforcée. La pyramide organisationnelle de cette filière a un sommet trop étroit et une base trop large. Il faut en arranger les contours. Des centres de niveau 2 pourraient établir le relais entre une base (niveau 1), qui ne demande qu’à être conseillée dans sa pratique et un sommet (niveau 3), qui peine à s’adresser à la base.
C’est notre devoir de mettre en place cette gradation des soins qui impose une organisation en réseaux dans chaque filière de notre spécialité. C’est l’un de nos grands défis pour les dix prochaines années.
Loïc Belle,
Annecy