Congrès CODIA 2016

En 2014, les données de l’étude PURE, (> 10 000 personnes, 17 pays) ont montré que la consommation de sel est, pour près de la moitié des individus, de l’ordre de 10 à 12 g/j et pour les ¾ comprise entre 7,5 g et 17,5 g/j.(1) En France, le PNS 2011 avait fixé comme objectif, pour 2015, une consommation de 8,0 g/j chez les hommes, 6,5 g chez les femmes et < 8 g respectivement chez 72% et 82%.

Ces objectifs sont difficiles à évaluer car 90% de la consommation provient de produits alimentaires manufacturés. La relation entre consommation de sel et PA est réelle mais si le risque d’événements cliniques augmente avec l’augmentation de sa consommation ilaugmente aussi avec un régime en sel trop restrictif.(2) Au moins chez les normotendus, l’effet reste modeste avec une augmentation de ≈ 1 mmHg de PAS pour un supplément de 1 g/j de sel.

L’effet d’une restriction sodée sur la pression artérielle est rapide et il peut être évalué cliniquement après 4 semaines. Certains sujets sont plus sensibles aux effets du sel mais ceci ne concerne que 41% des hypertendus et 21% des normotendus (1/2 inclassables). Pour les HTA non traitées, les anti-HTA, sont 3 fois plus efficaces.(3) Toutefois, pour l’HTA non contrôlés, l’effet de la restriction sodée est comparable à celui de l’ajout de spironolactone, bien devant les alternatives (IEC + ARA2, dénervation, pentathérapie…).

Dans une étude française évaluant la consommation de sel chez des hypertendus, seuls 28% des patients avaient une consommation de sel conforme aux recommandations (< 6 g/j) et 18% une consommation excessive (> 12 g/j). La consommation de sel a diminué entre 2011 et 2014 mais uniquement chez les femmes. En France l’utilisation de sel alimentaire a régulièrement diminué depuis 2000 probablement plus par une action (vertueuse ?) des industriels que du fait des particuliers.
Le Comité de Lutte contre l’HTA propose sur son site (www.comitehta.org) un test permettant d’estimer sa consommation de sel.

Réguler sa quantité de sel consommée au quotidien n’est pas simple, notamment parce que la teneur des produits manufacturés (artisanaux ou industriels) est difficile à évaluer.
Certaines idées reçues ont encore la vie dure (le sel des eaux minérales effervescentes n’est pas aussi abondant qu’on le croit) mais on ne se méfie pas assez de certaines préparations (soupes, bouillons cubes) utilisées au quotidien.
La consommation de potassium est inversement corrélée avec celle de sodium et ce d’autant plus que la consommation de sodium est plus élevée, en particulier chez les hypertendus et les personnes âgées, mais il est difficile d’en faire un substitut au sel de sodium.(1)
Des recommandations simples peuvent être données aux patients avec HTA (hors ICC) (Tableau 5).

Recommandations simples aux hypertendus pour contrôler leur consommation de sel

Tout le monde n’a pas besoin de suivre un régime peu salé. La régulation des apports dans des limites raisonnables est possible chez les hypertendus en particulier si l’HTA n’est pas contrôlée.

Xavier Girerd, Paris

 

RÉFÉRENCES

1. Mente A, O’Donnell MJ, Rangarajan S, et al. Association of urinary sodium and potassium excretion with blood pressure. N Engl J Med 2014;371:601-11.

2. O’Donnell M, Mente A, Rangarajan S, et al. Urinary sodium and potassium excretion, mortality, and cardiovascular events. N Engl J Med 2014;371:612-23.

3. Graudal NA, Hubeck-Graudal T, Jurgens G. Effects of low-sodium diet vs. high-sodium diet on blood pressure, renin, aldosterone, catecholamines, cholesterol, and triglyceride (Cochrane Review). Am J Hypertens 2012;25:1-15.

Article publié dans le supplément du Cordiam N°12 (Juin 2016)

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