En 2020, cultivez-vous, conduisez prudemment, évitez de naître au printemps, et abandonnez l’alcool si vous avez des palpitations…

Pour commencer ce premier numéro de 2020, je ne résiste pas à l’envie de faire une brève synthèse, une sorte de pot-pourri, d’articles parus dans le toujours excellent numéro de Noël du BMJ.

  • Les activités culturelles sont associées à une augmentation de l’espérance de vie (1) : au sein d’une cohorte de britanniques adultes, le fait de fréquenter les musées, expositions, salles de théâtre, concerts ou opéras diminue la mortalité. Par rapport aux personnes n’ayant aucune activité culturelle de ce type, ceux dont l’activité culturelle est rare (une à deux fois par an) ont un risque diminué de 14 %, et le risque est diminué de 31 % quand les sorties culturelles sont plus fréquentes. Cela indépendamment de l’âge, du niveau socio-économique et de différents autres facteurs de confusion. L’étude ne dit pas si la lecture de la rubrique heART de CORDIAM peut être assimilée à la visite d’une exposition, mais gageons que ce doit être le cas…
  • Un travail provenant de Floride s’est intéressé aux rapports entre les spécialités médicales et la voiture en analysant les contraventions dressées chez des médecins et non-médecins entre 2004 et 2017 (2). Les excès de vitesse importants (plus de 30 Km/h au-dessus de la limite) ne sont pas plus fréquents chez les médecins que chez les autres conducteurs (26%), avec un record pour les psychiatres (31 %), suivis par les chirurgiens (30 %) puis par les cardiologues (29 %). Les cardiologues sont ceux qui sont le plus souvent pris en flagrant délit au volant d’une voiture de luxe (taux ajusté 41 %). En fi n de compte, les
    médecins de Floride se comportent au volant de façon assez similaire à celle des non médecins, et les cardiologues aiment les grosses voitures. Les auteurs n’ont pas analysé les liens entre conduite des médecins et pronostic des patients et, j’avoue qu’avec ma Citroën C3, je me sens bien piteux face à nos collègues de Floride.
  • Enfin, toujours au chapitre des enquêtes d’observation aux résultats étranges, une analyse de la Nurses’ Health Study américaine montre un excès de mortalité cardiovasculaire d’environ 10 % chez les femmes nées entre mars et juillet par rapport à celles nées en novembre (3). Cet excès ne touche que la mortalité cardiovasculaire et non la mortalité globale, qui apparaît identique quel que soit le mois de naissance. Les auteurs se perdent en conjectures sur les causes possibles de cet excès de mortalité cardiovasculaire, soulevant la possibilité de facteurs de fragilité cardiovasculaire liés à la très petite enfance.

J’adjoins à ce cocktail d’informations une étude australienne un tantinet déprimante, parue dans le NEJM (4) : chez les sujets ayant une consommation régulière mais néanmoins raisonnable d’alcool (un peu plus de 2 verres par jour en moyenne) et une fibrillation atriale paroxystique ou persistante, une forte réduction de la consommation d’alcool diminue le risque de récidive… Une question vient immédiatement à l’esprit : les récidives sont-elles moins fréquentes parce que le temps paraît plus long ?

Finalement, on retiendra qu’il faut savoir prendre avec une pincée de sel les résultats des
études d’observation, et qu’entre deux maux il faut parfois savoir choisir.

Nicolas Danchin

Rédacteur en chef

PS : il y a tout juste un an, je me demandais quoi faire pour les statines de ma maman ; c’est finalement une pneumonie qui vient de l’emporter et la diminution de sa dose de statine n’y a été pour rien…


Références
1. Fancourt D and Steptoe A. BMJ 2019; 367 : l6377
2. Zimerman A et al. BMJ 2019 ; 367 : l6354
3. Zhang Y et al. BMJ 2019 ; 367 : l6058
4. Voskoboinik A et al. NEJM 2020 ; 382 : 20-8


Liens d’intérêt de l’auteur : Subventions de recherche : Amgen, Astra-Zeneca, Bayer, Daiichi Sankyo, Eli-Lilly, MSD, Pfizer, Sanofi .

Honoraires pour conférences/consultance : Amgen, Astra-Zeneca, Bayer, BMS, Boehringer-Ingelheim, Lilly, MSD, Novo-Nordisk, Pfi zer, Sanofi , Servier

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