KIN NO KOROKO (COEUR D’OR)

Jean-Michel Othoniel. Bronze. 2013.
Jardin du Mori Art Museum. Tokyo

Tous ceux qui fréquentent le Théâtre Français connaissent le “Kiosque des noctambules”. Une des sorties de la station de métro Palais Royal-Musée du Louvre située place Colette à Paris a été décorée par Jean Michel Othoniel. Une double couronne de verre coloré et d’aluminium qui surplombe la bouche de métro dissimule un banc destiné aux rencontres fortuites.

Né en 1964, cet artiste français commence à travailler dans les années 80 avec des matériaux divers, le plomb, le souffre, la cire qui partagent la propriété commune de pouvoir se transformer. A partir de 1993, son goût affirmé pour la métamorphose et les changements de forme le conduit à travailler le verre. Depuis, c’est son matériau de prédilection et la pierre angulaire de ses créations artistiques. La sphère, forme géométrique symbole de la perfection se situe aux extrémités du spectre des échelles : la boule, la perle, la bille, les gouttes sont utilisées pour la création de la plus petite des miniatures aux monuments les plus imposants. (Cloud Gate à Chicago, l’Atonium à Bruxelles, La Géode à Paris).

Très sollicité dans le monde entier, Jean-Michel Othoniel a disposé des colliers suspendus dans les jardins de la villa Médicis à Rome, ou au palais de l’Alhambra à Grenade. Plus proche de nous, on peut admirer les “Belles Danses”, 3 sculptures en verre soufflé de Murano posées à fleur d’eau dans les bassins du Théâtre d’eau du château de Versailles. Récemment plusieurs de ses œuvres ont été exposées au Petit Palais à Paris.

“Kin no Koroko” est une commande pour commémorer le 10ème anniversaire du quartier de Roppongi Hills et du Mori Art Museum de Tokyo. Afin de répondre aux contraintes sismiques, les perles de la sculpture ne sont pas en verre mais en bronze. Ce matériau est également une référence à l’artisanat japonais qui l’utilise beaucoup. Inaugurée en 2013, cette sculpture monumentale de près de 4 mètres de haut est installée sur une pièce d’eau, au milieu d’un jardin traditionnel japonais dans laquelle elle se reflète. Elle s’intègre parfaitement dans le paysage champêtre où sont regroupés des éléments
végétaux et minéraux traditionnels tels que des plantes, des arbres et des pierres. Sa forme change en fonction du point de vue du spectateur.
Lorsqu’il se déplace et contourne la sculpture, il éprouve une sensation de mouvement qui d’après Jean-Michel Othoniel évoque un ruban de Mobius, figure géométrique à une seule face obtenue par torsion d’une bande dans l’espace, décrite à la fi n du XIXème par un mathématicien du même nom.

La blessure sous toutes ses formes est au centre, au cœur, du travail d’Othoniel. C’est le sens que le spectateur pourra donner à ce ” cœur d’or ” qui reste ouvert dans sa partie inférieure. Cette ode à l’universalité de l’amour traduit ainsi la force mais aussi la faiblesse et la vulnérabilité
du sentiment amoureux. Située au centre de ce bassin, lui-même entouré d’immeubles à l’architecture audacieuse, “Kin no Koroko” s’intègre au paysage et est une superbe illustration de l’alliance réussie entre l’art contemporain et le Japon traditionnel.

Pascal Guéret, Suresnes

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