Statins and the Risk of Diabetes : Evidence From a Large Population-Based Cohort Study.
Giovanni Corrao G, Buthaina Ibrahim B, Federica Nicotra F, et al.
Diabetes Care August 2014 37:8 2225-2232.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24969582
La question du risque de développer un diabète à la faveur d’un traitement par statine est posée depuis une demi-douzaine d’années sur la base d’analyses rétrospectives d’essais cliniques. Si deux méta-analyses ont bien confirmé ce risque, qui reste quantitativement modéré, plusieurs limites méthodologiques ont été soulignées à l’encontre de ces conclusions. C’est une étude de population spécifiquement dédiée à ce problème qui a été présentée dans le numéro d’août de la revue Diabetes Care. Elle porte sur 115 709 patients de la région de Lombardie (moyenne 62 ans, 49% d’hommes dont ≥ 30% en prévention secondaire) chez lesquels un nouveau traitement par statine a été instauré en 2003 ou 2004. Ils ont été suivis pendant une moyenne de 6,4 ans. Le critère principal d’évaluation était l’apparition d’un nouveau diabète (traitement antidiabétique médicamenteux ou hospitalisation pour diabète).
Un événement du critère principal a été observé chez 11 154 patients soit 14,9 nouveaux cas pour 1 000 patients traités par statine dont plus de la moitié était considérée comme de mauvais observants (< 25% des jours couverts). Avec ou sans ajustements, le risque était plus élevé chez les patients très observants que chez ceux très peu observants tant avant qu’après ajustements (+58% [ic95% 51-66%] vs +32% [ic95% 26-39%]). Cet effet est constaté avec toutes les statines. Il est apparemment plus marqué avec les statines les plus puissantes sans pour autant que la différence soit significative.
L’augmentation de 32% du risque de diabète chez les sujets observants n’est pas très éloignée de celle des 27%, 30% ou 39% déjà rapportées respectivement dans les études JUPITER, PROSPER ou SPARCL. Elle est toutefois nettement supérieure aux augmentations voisines de 10% trouvées dans les méta-analyses. Ces nouvelles données montrent qu’un nouveau diabète peut apparaître pour tous les 240 patients mis sous statine alors qu’un événement cardiovasculaire ou cérébrovasculaire majeur est évité tous les 40 patients. La pérennité de cette évaluation reste incertaine au-delà des limites du suivi de ces patients (et de ceux de principaux essais cliniques de référence).