Nicolas Danchin, Paris
Chaque mois, nous interrogeons les cardiologues, via un questionnaire en ligne, sur ses habitudes et ses préférences face à une situation clinique donnée. En effet, le choix de faire tel ou tel examen, ou de donner tel ou tel traitement, reste largement ouvert.
L’occasion d’étudier les évolutions dans les traitements et les prescriptions.
À situation égale, a-t-on le même comportement ?
Vous voyez en consultation “de prévention” un homme de 54 ans, qui a arrêté de fumer depuis 6 mois.
Il ne décrit absolument aucun symptôme, mais il fait très peu d’efforts physiques. Sa pression artérielle
est de 145/86 mm Hg, après plusieurs mesures. Un de ses frères a fait un infarctus à 45 ans. Le bilan
biologique que vous avez demandé retrouve un cholestérol total à 2,45 g/L, un HDL-c à 0,45 g/L et un
LDL-c à 1,40 g/L. La glycémie est à 0,98 g/L. Il ne prend aucun traitement.
Commentaires
L’utilisation de scores dans un grand nombre de situations cliniques est fortement recommandée par la
Société Européenne de Cardiologie, mais il faut reconnaître que ces recommandations ne reposent pas sur des données scientifiques fortes. Dans notre premier exemple, le score peut, en théorie, aider à rendre une décision de traitement médicamenteux ; pourtant des éléments importants (antécédents familiaux précoces, sédentarité …) ne sont pas pris en compte par le score.
C’est ce qui explique certainement qu’un cardiologue sur deux (dont je fais partie) n’ait pas recours aux scores dans une telle situation.
Dans le second cas, on comprend encore mieux que le score soit peu utilisé : chez cette patiente, la prise
en charge restera la même, quel que soit le score calculé. On peut donc légitimement s’interroger sur la
pertinence clinique d’un score qui ne changera rien à la conduite à tenir…