Le diabète est une des préoccupations majeures de santé pour les décennies à venir. Si des progrès médicamenteux indéniables (sauf pour certains …) ont été accomplis pour améliorer sa prise en charge et, partant, le devenir des patients, il ne faut pas négliger l’impact possible du mode de vie sur l’évolution de la maladie diabétique. Justement, nous venons d’avoir les résultats d’une étude britannique intrigante, qui montre qu’une adaptation drastique du mode d’alimentation, peut aboutir à faire “disparaitre”la maladie. Michael Lean (sic*) et ses collègues ont mené une étude randomisée selon une technique originale (utilisant une randomisation par cluster, c’est-à-dire une randomisation des médecins et non une randomisation des patients) ; 298 patients ayant un diabète récemment diagnostiqué (< 6 ans) ont été répartis entre une prise en charge classique telle que préconisée par les recommandations, et un régime “agressif” ayant pour objectif une perte de poids de 15 Kg. Le régime, guidé par des infirmières ou diététiciennes spécialement formées, commence par une période de restriction calorique de 3 à 5 mois (825-853 kcal/jour,  59 % d’hydrates de carbone, 13 % de graisses, 26 % de protéines et 2 % de fibres) et se poursuit par une réintroduction progressive sur 2 à 8 semaines d’une alimentation plus “normale” (50 % d’hydrates de carbone, 35 % de graisses et 15 % de protéines) avec un suivi mensuel pour assurer le maintien de la perte de poids. L’âge moyen des patients était d’environ 54 ans, avec 41 % de femmes ; en moyenne, le poids était d’environ 100 Kg, le diabète était connu depuis 3 ans et l’HbA1c était de 7,6 %. Dans le groupe “régime”, les traitements anti-diabétiques et antihypertenseurs étaient interrompus à l’inclusion et réintroduits par la suite si nécessaire. A 12 mois, 24 % des participants du groupe “régime” avaient perdu au moins 15 Kg et le diabète était en rémission (HbA1c < 6,5 % après au moins deux mois sans médicament hypoglycémiant) chez 46 % des patients. La rémission du diabète était proportionnelle à la perte de poids. La qualité de vie était meilleure dans le groupe “régime”. Les résultats à 2 ans viennent d’être publiés : 36 % des patients du groupe “régime” étaient toujours en rémission du diabète (3 % du groupe contrôle) ; 64 % des patients ayant maintenu une perte de poids d’au moins 10 Kg étaient en rémission. Dans une sous-analyse, il est constaté une diminution importante du contenu en graisses du foie et du pancréas, ainsi que des triglycérides. Les résultats sont plus nets pour des durées de diabète plus courtes. Ces résultats sont majeurs car ils montrent, contrairement à ce que l’on pensait jusqu’alors, que le diabète, pris suffisamment tôt, n’est pas une maladie “définitive” : la perte de fonction des cellules du pancréas est, au moins pendant un certain temps, réversible. Ces
données prennent sans doute encore plus de sens quand on envisage l’intérêt potentiel des mesures diététiques dans la population prédiabétique ; elles devraient ainsi pouvoir guider les messages de santé publique destinés à la population générale. A l’heure de la chirurgie bariatrique reine, d’autres mesures sont donc possibles ! La réversibilité du diabète est cependant obtenue au prix d’un effort qui est sans nul doute considérable et pour lequel un soutien extérieur est certainement nécessaire. En attendant, surveillez (au moins un peu …) votre régime pendant les vacances !

Nicolas Danchin
Rédacteur en chef

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