Karjalainen JJ, Kiviniemi AM, Hautala AJ, et al. Effects of physical activity and exercise training on cardiovascular risk in coronary artery disease patients with and without type 2 diabetes. Diabetes Care. 2015 Apr;38(4):706-15.
PMID : 25592198

Si les bienfaits de l’exercice physique après un épisode coronarien aigu ne se discutent plus, l’importance relative de cet effet pour différentes catégories de patients à risque reste encore incertain. Des chercheurs finlandais (programme ARTEMIS) ont évalué l’impact de cet effet chez des coronariens, diabétiques ou non.

Une première partie de l’étude a permis de comparer les effets de l’exercice physique de loisirs (EPL) habituel chez 539 coronariens diabétiques de type 2 (DT2) et chez 507 autres exempts de diabète. Quatre catégories d’activité physique ont été distinguées : EPL1 (n = 122), aucune ; EPL2 (n = 371), irrégulière avec de façon occasionnelle un peu de marche ou de bicyclette ; EPL3 (n = 374), régulière modérée avec 2 à 3 fois 30 minutes/semaine ; EPL4 (n = 175), régulière intense avec plus de 3 fois 30 minutes/semaine.

Avec un suivi de 2 ans, 20%, 14%, 12% et 6% des patients (diabétiques ou non) respectivement de chacun des 4 groupes ont eu un événement du critère principal d’évaluation (décès, syndrome coronaire aigu, insuffisance cardiaque ou AVC) soit, pour les patients des groupes 1 à 3 par rapport à ceux du groupe 4 et après ajustements sur les autres facteurs de risque, un excès significatif de risque (RR respectifs à 2,33, 2,13 et 1,98; p ≤ 0,044 pour chaque comparaison).

Les données du tableau montrent que l’exercice régulier intense a un effet bénéfique tat chez les diabétiques que chez les non-diabétiques en particulier par rapport à ceux qui ne font aucun d’exercice physique.

EPL1
Aucun
exercice physique
EPL2

Exercice physique
irrégulier/
occasionnel

EPL3

Exercice physique
30 min x 2 à 3 fois/semaine

versus EPL4, exercice physique > 30 min x 3 fois par semaine
Coronariens non diabétique 3,11 (0,87-11,09)
p = 0,080
1,82 (0,64-5,14)
p = 0,261
2,25 (0,85-5,98)
p = 0,105
Coronariens diabétiques 2,02 (0,75-5,47)
p = 0,166
2,17 (0,89-5,27)
p = 0,087
1,69 (0,68-4,24)
p = 0,260
Tableau. Comparaison, après ajustements, de l’effet de différents niveaux d’activité physique sur le risque d’événements cardio-vasculaires (décès, syndrome coronaire aigu, insuffisance cardiaque ou AVC) par rapport au niveau d’activité le plus élevé.

Dans une deuxième branche (randomisée) de l’étude, les effets d’un programme d’exercice physique régulier à domicile ont été comparés par rapport à l’absence d’exercice physique (64 contrôles avec DT2 et 68 contrôles sans DT2) chez 63 coronariens avec DT2 et 72 autres sans DT2. Trente-neuf pour cent des diabétiques et 34% des non-diabétiques ont respectivement abandonné le programme avant son terme à 2 ans (manque de motivation ou problèmes musculo-squelettiques).

La durée d’exercice tendait (sans que la différence soit statistiquement significative) à être plus élevée chez les non-diabétiques que chez les diabétiques (respectivement 164 ± 96 vs 141 ± 50 min/sem au cours des 3 premiers mois et 179 ± 91 vs 146 ± 69 min/sem au cours des 6 derniers mois). Par rapport leurs contrôles respectifs et en intention de traiter, la capacité d’exercice au terme de l’étude n’a augmenté significativement que chez les coronariens non diabétiques alors que chez les diabétiques, il y a eu une diminution significative du périmètre abdominal et de l’index de masse VG.

En analyse per-protocole (seuls patients ayant poursuivi l’essai jusqu’à son terme), les patients avec DT2 ont eu une amélioration significative de leurs capacité d’exercice, périmètre abdominal et masse VG alors que seule, la capacité d’exercice a été amélioré chez ceux sans DT2. Il n’y pas eu de différence dans aucun des 2 groupes sur le critère clinique principal composite.

L’effet bénéfique en termes de morbi-mortalité, de l’exercice physique, chez les coronariens avec ou sans DT2 – fortement suggéré par le suivi longitudinal des patients de la cohorte ARTEMIS – n’a pas pu être confirmé dans un essai randomisé. La tendance favorable pour plusieurs indicateurs laisse tout de même supposer qu’il a pu y avoir un défaut de puissance qui empêche de tirer des conclusions définitives sur le critère principal.

Le taux élevé d’abandons (1/3) et l’analyse per-protocole suggèrent au contraire que c’est une voie qu’il faut encourager pour que les patients motivés puissent en tirer le maximum de bénéfice.

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