On connaît globalement les effets néfastes de l’obésité, notamment sur les facteurs de risque et le pronostic cardiovasculaires, mais il y a de bonnes raisons de penser que son influence n’est pas identique selon son importance et selon l’âge. Les investigateurs de l’Austalian Longitudinal Study on Women’s Health ont essayé de le vérifier sur la base de données prospectives recueillies chez 13 715 femmes nées entre 1946 et 1951 et chez 12 432 autres nées entre 1921 et 1926. Les données de base ont été récoltées en 1996 et le suivi a duré jusqu’en 2011. Le critère principal d’évaluation était l’apparition ou non des événements pertinents à chaque visite triennale en fonction de l’âge (tranches de 5 ans entre 45 à 85 ans) et de l’index de masse corporelle sur une échelle continue). Pour toutes les tranches d’âge, l’incidence du diabète augmente de façon curvilinéaire avec l’index de masse corporelle jusqu’à 80 ans (de 0,5% entre 45 et 60 ans à 10% entre 75 et 80 ans). Cette augmentation débute plus précocement pour les femmes les plus âgées et elle s’accentue plus rapidement ensuite. Toutefois, entre 80 et 85 ans elle s’atténue nettement pour celles des obèses dont l’IMC dépasse 37 kg/m². L’incidence de l’HTA (de 2% entre 45 et 55 ans à 24% entre 75 et 80 ans) augmente aussi de façon curvilinéaire avec l’IMC pour les groupes de femmes de moins de 60 ans. Pour les 3 groupes d’âge de 70 à 85 ans les courbes tendent à se rejoindre pour les IMC ≥ 35 ce qui suggère qu’au-delà de 60 ans, et surtout de 70 ans, le poids intervient aussi assez peu sur l’apparition de l’HTA pour les plus obèses. La mortalité globale à 3 ans est plus élevée pour les IMC les plus bas. Cet excès est discret en dessous de 60 ans mais plus net entre 75 et 80 ans. La tranche d’âge entre 80 et 85 ans est la seule pour laquelle un IMC élevé, entre 30 et 40 kg/m², s’accompagne d’une augmentation curvilinéaire de la mortalité. Ces données confirment l’importance de l’obésité pour le risque de survenue à tout âge d’un diabète d’une hypertension ou d’un décès prématuré. Elles semblent aussi montrer que l’influence néfaste sur les facteurs de risque CV est surtout majeure pour les femmes les plus jeunes (< 60 ans). A l’inverse la relation avec le risque de décès prématuré s’observe uniquement pour les femmes les plus âgées, comme s’il était trop tard pour intervenir sur les facteurs de risque CV. Ceci pourrait aussi refléter, pour les plus jeunes, le recul des maladies cardiovasculaires par rapport à d’autres causes de décès comme les cancers. Rappelons que ces données ont été obtenues chez des femmes et qu’elles ne présument en rien de ce qui se passe chez les hommes.
Peeters GM, Herber-Gast GC, Dobson AJ, Brown WJ. Changes in the relationships between body mass index and health outcomes across middle age and older adults. Mayo Clin Proc. 2015 Jul;90(7):903-10. Source Pubmed
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