Kautzky-Willer A, Kosi L, Lin J, Mihaljevic R. Gender based differences in glycaemic control and hypoglycaemia prevalence in patients with type 2 diabetes : results from patient-level pool data of six randomized controlled trials. Diabetes Obesity and Metabolism 2015 ;17:533-540.

Chez les non-diabétiques, il existe des différences marquées sur la régulation glucidique entre les deux sexes et il y a de bonnes raisons de penser qu’elles peuvent influencer le contrôle glycémique chez les patients avec diabète de type 2 traités. Pour le vérifier, des chercheurs autrichiens ont analysé les données de six études multicentriques, méthodologiquement assez proches, dont l’objectif était d’évaluer les effets de l’instauration d’un traitement insulinique (glargine ou NPH) chez des patients avec DT2 insuffisamment contrôlés avec un traitement médicamenteux oral.

La cohorte comportait 1251 femmes (56,9 ans ; durée du DT2 9,84 ans ; HbA1c 8,9%) et 1349 hommes (57,5 ans ; durée du DT2 10,1 ; HbA1c 8,9%), sans différence significative sur ces paramètres mais il y avait des différences significatives sur l’index de masse corporelle, plus élevé chez les femmes (28,66 vs 28,05 kg/m² ; p = 0,002). Celles qui avaient les poids les plus bas (≤ 28 kg/m²) avaient des glycémies à jeun et des doses d’insuline/kg significativement plus élevées que celles hommes. Le suivi était, selon les études de 24 à 36 mois. Le traitement médical restait inchangé pendant la durée de l’étude mais si l’insuline pouvait être titrée, elle ne pouvait pas être changée ou associée à une insuline rapide. L’objectif de glycémie à jeun était entre 4,4 et 5,5 mmol/L.

Bien que l’insuline ait permis une diminution significative de l’HbA1c au terme de l’étude pour les patients des deux sexes, elle était significativement plus élevée chez les hommes, dans l’un comme dans l’autre des deux groupes d’IMC (HbA1c 8,0% F vs 7,7% H pour IMC ≤ 28 kg/m² ; p < 0,001 et HbA1c au terme de l’étude 7,5% F vs 7,3% H pour IMC > 28 kg/m² ; p < 0,001). Toutefois, rapportées au poids, les doses d’insuline des femmes étaient plus élevées que celles des hommes lorsque l’IMC était ≤ 28 kg/m² (F 0,43 ± 0,28 vs H 0,35 ± 0,23  u/kg ; p < 0,001).

Bien que dans l’ensemble, une plus grande proportion de femmes que d’hommes ait eu des hypoglycémies (3,28% F vs 1,85% H ; p < 0,05), la différence tient surtout aux femmes avec IMC ≤ 28 kg/m² (4,07% F vs 1,90% H ; p < 0,05 contre, avec IMC > 28 kg/m², 2,52% vs 1,80 ; p =0,04). La même influence du sexe féminin se retrouve  pour les hypoglycémies sévères (2,24% vs 0,59% ; p < 0,001), là encore portée par le sous-groupe des patientes avec IMC ≤ 28 kg/m² (2,93% vs 0,54 ; p < 0,001 contre, avec IMC > 28 kg/m²,  1,57% vs 0,65% ; p = 0,12).  Enfin, significativement plus d’hommes que de femmes ont atteint l’objectif d’HbA1c < 7% (p < 0,001) et ceci, quel que soit l’IMC.

Après analyse de régression multivariée, on retrouve le moindre effet du traitement insulinique chez les femmes que chez les hommes avec un risque plus marqué d’hypoglycémies sévères (odds ratio 1,80 [ic95% 1,08-2,00] ; p = 0,02) et nocturnes (odds ratio 3,80 [ic95% 1,72-8,42] ; p = 0,001).

Ces données montrent bien que les femmes avec DT2, et particulièrement celles qui ont un IMC ≤ 28 kg/m² tirent un moins grand bénéfice du traitement insulinique que les hommes sur l’équilibre glycémique et qu’elles courent un risque plus important d’hypoglycémie. La relation entre des objectifs difficiles à atteindre et un risque accrue de complications iatrogènes se retrouve dans d’autres domaines. Elle ne remet pas ces traitements en cause mais incite à une prudence accrue dans le suivi de ces patients.

Sources

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