Eckel RH, Henry RR, Yu P et coll. Effect of ranolazine monotherapy on glycemic controlin subjects with type 2 diabetes. Diabetes Care 2015 ;38 :1189-96.

Plusieurs essais contrôlés qui évaluaient l’efficacité de la ranolazine, inhibiteur du courant sodique tardif, comme antiangineux dans l’angor stable ont permis d’observer un effet antidiabétique inattendu. Ces constatations, issues d’analyses post-hoc, chez des patients dont certains recevaient déjà des antidiabétiques oraux, ont pu être confirmées dans une étude dédiée par des chercheurs de la côte ouest américaine. 465 diabétiques de type 2 échappant aux règles hygiénodiététiques (si vérifié si besoin après wash-out de tout antidiabétique oral) ont été randomisés. Entre autres critères de non-inclusion figuraient un intervalle QT > 500 ms et l’absence d’accident cardio-circulatoire aigu au cours des 2 à 3 derniers mois. Ils devaient avoir une HbA1c entre 7 et 10% avec une glycémie à jeun entre 1,30 et 2,40 g/L. Ils étaient randomisés pour recevoir ou non 500 mg x 2/jour de ranolazine (titrée et, si possible, maintenue à 1000 mg x2/jour) pour une durée de 24 semaines.
Les patients inclus avaient, en moyenne, un âge de 55-56 ans, une Hba1c à 8%, une glycémie à jeun de 1,72 g/L, un IMC à 32,8 kg/m² et un diabète connu depuis 3 ans. Un sur cinq était traité au préalable par des antidiabétiques oraux, le plus souvent des biguanides. Les principaux résultats de cette évaluation sur l’équilibre glycémique sont présentés dans le tableau. On peut y ajouter que significativement plus de patients (presque le double) ont atteint l’objectif de 7% de HbA1c à 12, 18 et 24 semaines. En termes de tolérance, un peu plus de patients sous ranolazine ont rapporté des effets événements sans que la différence soit significative. La proportion de sujets ayant présenté des événements indésirables imputables au traitement a été plus grand sous ranolazine (9,1% vs 3,9%) mais avec des taux voisins d’événements indésirables sévères ou justifiant l’arrêt du traitement (respectivement et dans le même ordre que précédemment : 2,6% vs 3,0% et 5,2% vs 3,4%). Céphalées, constipation et nausées étaient les événements indésirables les plus souvent rapportés sous ranolazine.

 

placebo
N = 195
ranolazine
N = 199
p =
HbA1c *
Variation vs base -0,20% ± 0,073 -0,76% ± 0,073
Δ variation vs placebo -0,56 (-0,76 / -0,36) 0,0001
Glycémie à jeun (g/L) *
Variation vs base 0,02 ± 0,0227 -0,06 ± 0,026
Δ variation vs placebo -0,08 (-0,016 / -0,01 0,0266
Glucagon à jeun (pg/mL) *
Variation vs base 9 ± 1,8 -1 ± 1,8
Δ variation vs placebo -0,9 (-14 / -4) 0,0003
Insulinémie à jeun (µui/mL)*
Variation vs base -1,04 ± 0,510 2,45 ± 0,509
Δ variation vs placebo -1,41 (-2,83 / 0,00) 0,0507

* Moyenne des moindres carrés (et ic à 95%)
Tableau. Variation des principaux paramètres de l’équilibre glycémique chez les patients sous ranolazine et chez ceux sous placebo.

 

 

Cette première démonstration d’un effet antidiabétique pour un antiangineux comme la ranolazine, en monothérapie, va dans le sens des études précédentes qui avaient déjà permis de la suspecter.
En bloquant l’activation de certains canaux sodiques la ranolazine inhibe la sécrétion de glucagon par les cellules α-pancréatiques. D’éventuels effets sur les agonistes GLP1 ou les inhibiteurs de DPP4 sont en cours d’exploration.
Pour l’instant la publication des résultats des études d’évaluation en association avec le glimépiride ou le glucagon sont attendus. Rappelons que la ranolazine est indiquée en association dans le traitement symptomatique des patients atteints d’angine de poitrine stable, mal contrôlés ou intolérants aux antiangoreux de première intention (comme les bêtabloquants et/ou les antagonistes calciques).

Articles en relations

Commentaire(0)